Structure de l’Information dans des Corpus Oraux (Information Structure in Spoken Language Corpora 2 - ISSLaC2)

ISSLaC2 fait suite à la conférence "Information Structure in Spoken Language Corpora" organisée en juin 2013 à l’Université de Bielefeld par Claudia Wegener, Candide Simard, and Eva Schultze-Berndt http://www.uni-bielefeld.de/lili/tagung/ISSLaC/. Il est apparu alors que l’intérêt pour les études sur la structure de l’information dans les langues moins connues allait grandissant et qu’une conférence dédiée à ce thème plus spécifique serait l’occasion de rassembler la communauté scientifique afin de discuter des dernières découvertes en la matière ainsi que de questions méthodologiques.

Description

Les études sur la structure de l’information (SI) reposent essentiellement sur des langues bien décrites, mais il y a un besoin de données nouvelles provenant d’une plus grande variété de langues (Büring 2009). De fait, la théorie de la SI a été effectivement critiquée pour fondée sur une poignée de langues seulement (Matić & Wedgwood 2013). De plus, de nouveaux indices venus de langues moins décrites semblent remettre en cause des hypothèses antérieures bien établies (Rialland & Robert 2001, Adamou & Gordon 2014 parmi d’autres).

Mais les tentatives d’analyse de la SI sont souvent considérées comme un « luxe » pour l’étude des langues moins connues ou en danger, malgré son rôle central dans la communication. Une des raisons importantes qui expliquent cet état de fait, est que l’étude de la SI requiert l’analyse de plusieurs niveaux linguistiques en interaction, impliquant la syntaxe, la morphologie et la prosodie. Ce qui implique une parfaite compréhension des structures dites canoniques de la syntaxe et de la prosodie d’une langue donnée, une tâche gigantesque et de longue haleine en elle-même.

Par ailleurs, la SI dans les langues de grande communication est souvent analysée au moyen de jugements intuitifs, d’élicitations, de tâches expérimentales et à travers de volumineux corpus (Calhoun 2010), permettant la conduite d’études qualitatives et quantitatives. Or, pour les langues moins étudiées, et particulièrement les langues en danger, de telles méthodes sont extrêmement difficiles à implémenter. La plupart des linguistes travaillant sur ces langues n’ont pas l’intuition des locuteurs natifs, et les locuteurs ont souvent des difficultés avec les tâches d’élicitation qui nécessitent un savoir métalinguistique. De plus, alors que l’étude de discours spontanés peut apparaître comme une alternative aux méthodes expérimentales et d’élicitation, les corpus existants sont relativement limités en taille, manquent souvent de questions-réponses explicites nécessaires pour l’étude du focus, et le contexte ainsi que les intentions des locuteurs sont un véritable défi pour l’analyse (Schultze-Berndt & Simard 2012). Si, d’un côté, l’étude des phénomènes de la SI dans les langues moins connues est cruciale pour une compréhension translinguistique de la SI, d’un autre côté, elle pose un défi particulier en raison de la difficulté qu’il y a à obtenir des données fiables.

Cette conférence vise à fournir l’occasion de discuter les problèmes méthodologiques susmentionnés, les solutions qu’on peut y apporter, ainsi que les découvertes émanant des langues oins décrites et leur impact sur la théorie de la SI.

ISSLaC2 fait partie du projet “Typologie et annotation de corpus pour la structure de l’information et les relations grammaticales” http://llacan.vjf.cnrs.fr/TCA-ISGR/Description.html (co-PIs Amina Mettouchi, Stéphane Robert and Martine Vanhove) financé par l’Agence National de la Recherche (ANR) dans le cadre du programme “Investissements d’Avenir” (ANR-10-LABX-0083) (EFL, Fondations Empirique du Language).

Références

  • Adamou,E. & M. Gordon.2014. Estudio experimental de la expresión prosódica de foco en ixcateco, Coloquio sobre lenguas otomangues y vecinas (COLOV 6), Oaxaca, Biblioteca de Investigación Juan de Córdova, Apr 24–27, 2014.
  • Büring, D. 2009. Towards a typology of focus realization. In M. Zimmermann, & C. Féry, Information Structure, 177-205. Oxford: Oxford University Press.
  • Calhoun, S. 2010. The centrality of metrical structure in signalling information structure: a probabilistic perspective. Language 86 (1): 1-42.
  • Matić, D. & D. Wedgwood. 2013. The meanings of focus: The significance of an interpretation-based category in cross-linguistic analysis. Journal of Linguistics 49(1): 127-163.
  • Rialland, A. & S. Robert. 2001. The intonation system of Wolof. Linguistics 39: 893-939.
  • Schultze-Berndt, E. & C. Simard. 2012. Constraints on noun phrase discontinuity in an Australian language: The role of prosody and information structure. Linguistics 50(5): 1015–1058.