Baa

Mirjam Möller Nwadigo

Le baa (glottocode: kwaa1262) est une langue minoritaire du nord-est du Nigéria. Les locuteurs réfèrent à leur langue comme ɲā báà 'la langue baa'. Il n'y a pas de statistiques récentes sur le nombre de locuteurs, mais les estimations se situent entre 5.000 et 10.000 locuteurs. Les Baa habitent principalement dans deux villages, Gyakan et Kwah, dans Lamurde LGA de l'État d'Adamawa. Des communautés plus petites des locuteurs existent ailleurs au Nigeria, surtout à Lagos et Abuja.

La majorité des gens de Kwah et de Gyakan sont des agriculteurs et des pêcheurs grâce au fleuve Benue et aux autres rivières plus petites qui traversent leurs terres. Différents outils et techniques de pêche sont utilisés par les hommes et les femmes. Dans le ménage traditionnel, les femmes gagnent leur vie en fabriquant de la poterie. Les Baa organisent un certain nombre de compétitions annuelles et de fêtes liées à la chasse et à l'agriculture pour honorer le chasseur le plus courageux et le fermier le plus diligent. La religion traditionnelle baa est centrée autour de deux divinités principales, Gbandima et Kassimin, représentées par leurs successeurs vivants choisis parmi les Baa. Les deux derniers successeurs sont morts dans les années 1980. Une coutume baa particulièrement intéressante du point de vue linguistique est le tabou de mentionner le nom d'une personne décédée, surtout en présence de sa famille et ses proches. Le nom de la personne est alors remplacé par un mot qui réfère à un événement ou un objet associé à la personne.

Elisha Yunana Jerry Jakabe Dorcas Omeire Laye Nyalas

Au cours de la période 2015-2020, Mirjam a été doctorante au LLACAN où elle a mené ses recherches sur l'analyse grammaticale et la documentation du baa. Avant sa première visite de terrain en 2016, les seules données disponibles sur le baa étaient les notes de terrain et les enregistrements non publiés faits par Ulrich Kleinewillinghöfer en 1991 et par Dmitry Idiatov en 2011. Malheureusement, en raison des restrictions de sécurité, Mirjam n'a pas pu effectuer son travail sur le terrain dans la communauté Baa et l'a fait à Lagos. Elle a pu former les membres de la communauté à la réalisation d'enregistrements vidéo et audio. Un membre de la communauté, Elisha Yunana, s'est ensuite rendu dans la région où l'on parle le baa, dans l'État d'Adamawa, où il a travaillé avec sa communauté pour recueillir des données. Outre les données recueillies par Mirjam auprès des locuteurs à Lagos, la plupart des enregistrements ont été faits par Elisha. Il a également fait des enregistrements avec des locuteurs à Lagos. Kaduwe Ornan, un étudiant en linguistique d'une communauté avoisinante, les Bacama, a également participé à la collecte des données. La partie documentation de la recherche de Mirjam a bénéficié du soutien du Endangered Languages Documentation Programme (ELDP) dans le cadre de sa Small Documentation Grant pour la documentation du baa (2017-2018). Ce corpus du baa regroupe des enregistrements audio et vidéo annotés avec du matériel provenant d'un large nombre de locuteurs et de différents genres, tels que des contes traditionnels, des textes explicatifs et des chansons. En 2020, Mirjam a publié la première version du dictionnaire baa-anglais qu'elle a rédigé avec les membres de la communauté baa réunis au sein de la Kwah Progressive Association à Lagos.

Références: